Une Ville maîtrise d’œuvre et d’ouvrage
La première particularité de ce projet résulte du parti pris ambitieux de la Ville d’être à la fois maître d’œuvre et d’ouvrage, grâce à des compétences développées en interne. Ainsi, de nombreuses directions de la Ville ont été mises à contribution pour la réalisation de ce groupe scolaire dont la direction de la Stratégie et de l’innovation territoriale, la direction des Bâtiments, la direction de l’Éducation et de la petite enfance, la direction de la Culture…
Une telle décision demande un engagement considérable, mais c‘est aussi un avantage indéniable qui permet une maîtrise totale du chantier et l’assurance que le résultat soit à la hauteur des exigences municipales. Une latitude qui permet d’aller plus loin dans la logique de développement durable et d’atteindre les objectifs de l’architecture régénérative.
L’architecture régénérative
C’est ce qui rend ce groupe scolaire unique. Les matériaux qui possèdent une longue période de régénération (bois) ont été économisés. C’est pourquoi les murs ont été réalisés avec de la paille, ressource naturelle plus abondante.
Ce principe d’écoconstruction va plus loin que les objectifs de développement durable. C’est un modèle qui appelle à un autre mode de construction, un autre mode de fonctionnement !
Un terrain « recyclé »
Chaque chantier commence par la sélection d’un lieu et nous avons choisi la halle du marché des Boutours. Le marché ayant été déplacé, la structure initiale qui fut déjà l’objet de dépenses d’énergies grises lors de sa construction en 2000, a donc entièrement été intégrée à la nouvelle structure afin d’éviter toute destruction ou construction pouvant impacter de nouveau l’environnement.
Des matériaux biosourcés
L’équipe d’ingénieurs a pensé l’ensemble du groupe scolaire à partir de matériaux biosourcés dont certains sont issus de l’énergie solaire (photosynthèse). Mais la recherche des produits ne s’est pas restreinte à ce seul critère car utiliser des matériaux sains pour l’environnement n’aurait pas de sens si ces derniers provenaient de loin. L’émission de carbone dépensée lors du transport serait contraire à la volonté de protéger les énergies fossiles et de lutter contre le réchauffement climatique.
La structure en bois du groupe scolaire accueille des caissons garnis de paille dans les parties courantes et de ouate de cellulose ou de laine de bois dans les parties moins accessibles, l’ensemble provenant d’un rayon de 80 km. On a également privilégié une production française plutôt qu’étrangère pour les faux plafonds en fibres de bois compressées liées à la chaux.
Mais l’émission de carbone n’a pas été la seule préoccupation lors de la sélection des matériaux. Afin d’éviter de consommer des produits éventuellement cultivés sur des zones de déforestations lointaines et potentiellement OGM (organisme génétiquement modifié), les bois exotiques ont été exclus et l’usage d’une peinture 100% végétale (aussi bien les pigments que les liants) à base d’huile de colza bio et fabriquée localement a été préférée.
Une Éco-co-construction pédagogique et citoyenne
Les bâtiments publics, et particulièrement l’école communale, sont des biens communs, des biens réalisés à partir de l’énergie collective et de l’argent public. Parce qu’une écoconstruction ne peut être un succès que si les citoyens prennent conscience des enjeux auxquels elle répond, le chantier a été ouvert au public, permettant une meilleure appropriation individuelle et collective du concept de « citoyenneté » et faisant de l’écoconstruction une co-construction pédagogique et citoyenne. Enfants, parents, enseignants, bénévoles, professionnels… tous ont pu participer à la construction de ce groupe scolaire !
Des mosaïques sur le thème de l’école républicaine, réalisées par seize classes des écoles élémentaires de Rosny-sous-Bois, ornent aujourd’hui les pièces de vie communes telles que les salles de restauration ou les salles d’eau. Bénévoles et professionnels ont quant à eux travaillé ensemble afin de construire le mur en paille portée de l’enceinte de l’école maternelle. Des ateliers de formation ont également attiré 150 bénévoles qui ont réalisé plus de 4 000 briques en terre cuite !