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L’équipement des Sapeurs-pompiers

Pépite des Archives #4

Après l’importance de l’uniforme chez les sapeurs-pompiers, place au matériel, dont les innovations multiples furent gage d’interventions rapides et efficaces.

Le matériel d’intervention

Les archives de l’ancienne Compagnie Rosnéenne des Sapeurs contiennent quelques documents remarquables visuellement parlant mais surtout instructifs, qui permettent de se faire une idée un peu plus précise du type de matériel que possédaient les pompiers, entre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle. A titre d’exemple : inventaires, catalogues de fournitures, correspondance.

L’acquisition de l’échelle à crochets

Illustration extraite du catalogue de 1893 de la société Gugumus basée à Nancy, fonds 3h des Archives municipales de Rosny-sous-Bois.

La profession de pompier est indissociable de l’utilisation de l’échelle de secours. D’après nos sources, le modèle le plus utilisé par les Sapeurs-pompiers de Rosny est l’échelle à crochets. Celle-ci permet de progresser d’étage en étage par la façade de l’immeuble lorsqu’il est impossible d’accéder à l’intérieur du bâtiment.
La création de cette échelle, d’une grande ingéniosité, remonterait au Moyen-Age et aurait au départ servit à assiéger les châteaux forts. Après avoir disparu durant plusieurs siècles, elle serait réapparue au XVIIIème siècle avec le développement d’unités de lutte contre les incendies. Il faudra tout de même attendre la première moitié du XIXème siècle afin qu’un mécanicien propose une échelle à crochets, qui sera adoptée par les Sapeurs-pompiers.

Illustration extraite du catalogue de 1914 de la société Vve. Ant. Varambier & Jn. Meunier basée à Lyon, fonds 3h des Archives municipales de Rosny-sous-Bois.

L’acquisition du casque respiratoire

L’appareil respiratoire est une invention beaucoup plus ancienne que ce que l’on peut penser. Le premier appareil, dit « le Paulin », a été créé en 1835 par l’inventeur du même nom. La cagoule en cuir qui le composait recouvrait la moitié du corps du Sapeur la portant. Sa manipulation était soumise à quelques contraintes puisque l’appareil était alimenté en air manuellement par un autre Sapeur, grâce à un tuyau qui reliait le scaphandre à un soufflet. La liberté de mouvement du Sapeur portant le scaphandre était donc limitée par la longueur du tuyau.
Il a fallu attendre le début du XXème siècle pour assister à l’apparition d’appareils respiratoires autonomes. C’est à la même époque que la Brigade de Rosny-sous-Bois va acquérir un casque respiratoire à la demande de l’Inspecteur, suite à une inspection faite en 1898. La Compagnie n’ayant pas le budget suffisant en 1898, il lui faut attendre 1903 afin d’acquérir un casque respiratoire en aluminium de la marque Thirion et Fils, comme on peut le voir sur le procès-verbal de réception de matériel.

Gravure représentant l’intervention des Sapeurs-pompiers de Paris lors de l’incendie de l’Opéra Comique, réalisée Louis Poyet, dessinateur graveur, extraite de La Nature, 1887.

L’intervention aux carrières Susset
Une série de documents issus du fonds 3H donne les détails d’une intervention durant laquelle l’utilisation du casque respiratoire a été nécessaire. Le 17 octobre 1926, la brigade des Sapeurs-pompiers intervient au 3, rue Rochebrune, sur le terrain des carrières Susset, suite à la chute d’un homme dans un puits. A cette occasion, l’officier Georget est descendu à 35 m de profondeur, équipé d’un casque respiratoire afin de sauver l’accidenté. L’opération aurait pu prendre une tournure dramatique puisque, manquant d’air, le sapeur Georget a dû ouvrir la soupape de secours du casque. L’homme inanimé a finalement pu être sauvé et remonté à la surface dans une benne.
La dangerosité de cette intervention a été remarquée puisque le Maire de l’époque, Joseph Zipper, demande au Commandant Cherrier, inspecteur des Sapeurs-pompiers, qu’une médaille de bronze soit attribuée au Lieutenant Georget à l’occasion de la Sainte-Barbe.

La pompe, la remise à pompe et les difficultés de maniement

Dès la fin des années 1860, de grandes villes comme Lyon et Bordeaux employaient déjà des pompes à vapeur. Durant la première moitié du XXème siècle, les pompiers Rosnéens, eux, ont continué d’éteindre les incendies à l’aide d’une pompe manuelle. En effet, les pompes à vapeurs étaient onéreuses et souvent trop puissantes pour être alimentées par les réseaux en eau des petites villes.
Le maniement de la pompe à vapeur était fastidieux pour les pompiers qui en avaient la charge. La lettre de démission du Sapeur-pompier Boularand pour cause d’infirmité en est la preuve.

Demande de démission pour cause d’infirmité adressée au Maire de Rosny par le Sapeur Boularand le 4 avril 1880, fonds 3H des Archives municipales de Rosny-sous-Bois.

Les inspections

Les fréquentes inspections permettent au Préfet de la Seine d’avoir une vision du matériel en possession des brigades de Sapeurs-pompiers du département. Dès que l’Inspecteur et le Préfet estiment qu’une Compagnie manque d’équipement, ils lui ordonnent d’en faire l’acquisition dans un rapport d’inspection.

Suite à l’inspection du 22 juin 1898, l’Inspecteur conseille à la Compagnie de Sapeurs-pompiers de Rosny de, on cite : «
• Compléter l’effectif au chiffre prévu de 25 hommes,
• Acquérir un casque respiratoire muni de son tuyau abducteur,
• Quatre demi-garnitures cuir cloué,
• 2 flambeaux à essence,
• 3 sangles de fuite,
• 1 ceinture amarre Baudet,
• Réparer une lame,
• Détailler sur les livrets les services militaires. »


Rapport d’inspection de la Brigade des Sapeurs-pompiers rosnéens datant du 22 juin 1898, fonds 3H des Archives municipales de Rosny-sous-Bois.

Afin d’avoir une vision succincte de l’évolution du matériel que possédait les Sapeurs-pompiers de Rosny-sous-Bois, nous vous invitons à vous plonger au cœur des états du matériel d’incendie et de sauvetage des années 1899-1909 et 1930-1937 .

Extraits du livret d’inspection des Sapeurs-Pompiers du Département de la Seine, commune de Rosny-sous-Bois de 1899 à 1909 , fonds 3H des Archives municipales de Rosny-sous-Bois.

A travers cet article, nous souhaitions souligner l’importance de la prise de risque qui illustre parfaitement la profession de Sapeur-pompier. Fin XIXe-début XXème, l’équipement n’en est encore qu’à ses balbutiements même si des progrès ont été faits. Il était précieux et ne souffrait par conséquent aucun gaspillage.
Les hommes de la Compagnie doivent composer avec les moyens du bord (source d’approvisionnement en eau notamment) et s’exercer régulièrement au maniement de la pompe. Ils ont pour devoir de se maintenir en forme (d’où les exercices physiques et les participations à des concours) pour pouvoir intervenir vite et efficacement. Il fallait donc un bon esprit d’équipe et être en mesure d’agir en coordination parfaite avec ses camarades.
Les Sapeurs sont sur tous les fronts. Ils doivent s’adapter à toutes les situations. Matériel et équipement ont donc pour objectif tant la préservation de la vie des citoyens, que celles des pompiers eux-mêmes. Très tôt, tout un chacun prend conscience de l’importance d’avoir un équipement adapté aux sinistres et aux diverses situations que les agents du feu rencontrent quotidiennement. On l’a vu à travers les quelques exemples précités : incendies, effondrements, explosions, sauvetage d’adultes et d’enfants. D’animaux même parfois !
Nous clôturons là la question des pompiers, en espérant vous avoir convaincu de la richesse des Archives municipales. Ce sujet, vaste et passionnant ne demande qu’à être exploité, avec l’aide des professionnels du métier, des Rosnéens férus d’Histoire et de nos amis chercheurs.

A très vite pour de nouvelles Pépites !