De la maison commune au bâtiment symbole
Une maison commune devenue trop petite
Si vous connaissez l’actuel espace culturel André Malraux mais aussi la Maison des Projets, vous vous demandez peut-être ce que fut ce lieu autrefois. Dans l’esprit de nombreux habitants, il y a souvent confusion entre « l’espace Malraux » et l’Hôtel-de-Ville. Il s’agit de l’ancienne mairie de Rosny-sous-Bois, aussi appelée « maison commune ». Pour remplacer la salle du presbytère servant de mairie au début du XIXe, une nouvelle mairie est construite selon les plans de l’architecte Claude NAISSANT, en 1868. Située à l’angle des rues Paul Cavaré et du Général Gallieni, ce joli bâtiment de structure carrée à clocheton fut conçu pour répondre aux besoins d’une population alors réduite (à peine 2000 habitants). Aucun espace d’accueil n’était prévu pour le public. La guerre de 1870 n’épargne pas le bâtiment, dont la toiture doit être réparée en 1889. Des travaux d’aménagement ont également lieu en 1920. A la fin des années 50, l’exiguïté des locaux, couplée aux évolutions majeures que connaît l’Ile-de-France, vont convaincre le Maire Philibert HOFFMAN (1947-1964) d’amorcer un changement majeur.
Source : Archives municipales de Rosny-sous-Bois
Un projet ambitieux pour un territoire en développement
En pleine période de Reconstruction, la croissance démographique s’accélère. Rosny-sous-Bois voit sa population augmenter. De nouveaux besoins se font jour. Profondément visionnaire et conscient des enjeux, Philibert HOFFMANN s’allie en 1959 à l’architecte Jean de MAILLY, Grand prix de Rome, pour revoir le plan directeur de la ville. Il le nomme architecte-conseil et lui confie le projet de construction d’un nouvel Hôtel-de-Ville, plus grand et surtout mieux adapté aux services municipaux.
Source : Archives municipales de Rosny-sous-Bois.
Le chantier aura lieu sur les terrains légués le 13 décembre 1899 à la ville par Monsieur Richard Gardebled.
Anecdote : « Quand la police logeait à Malraux »
En 1967, le Commissariat de Police intègre la mairie. Les archives nous indiquent que l’horloge du bâtiment est alors en panne depuis quelques temps et les Rosnéens demandent activement sa remise en marche. Un petit « jardinet » à l’arrière dispose de 2 bancs. Délaissé au moment du déménagement des services vers le nouvel Hôtel-de-Ville, la Police demande à ce que deux places de parking y soient créées. La demande est refusée par le Maire en mars 1968 au motif que l’objectif visé en plaçant des bancs à cet endroit était précisément d’éviter le stationnement « inesthétique » des véhicules !
A gauche : vue de l’ancien bâtiment situé derrière « Malraux », qui abritait aussi des services de la Police.
Source : Archives municipales de Rosny-sous-Bois.
La tour : emblème d’une architecture dans l’air du temps
Les années 60 mettent à l’honneur les bâtiments avant-gardistes, aux formes parfois originales. Les buildings de la Défense en sont un bel exemple mais pas que. Trois architectes se partagent les projets : De Mailly bien sûr mais aussi Bernard ZEHRFUSS et Robert CAMELOT. Dans ce paysage, la tour constitue un repère, un phare. On la retrouve à Toulon et à la Seyne-sur-Mer.
Les symboles républicains « classiques » disparaissent au profit d’un certain formalisme. Cette tendance se retrouve dans le nouvel Hôtel-de-Ville. On imagine une tour pour abriter les services administratifs. Initialement prévue à 6 étages en 1963, elle passe à 8 étages en mars 1964. Hauteur totale : 32.42 m. Quelques éléments chiffrés :
- salle des Mariages : 510,72 m2
- sous-sol : 1019,70 m2
- salle des fêtes : 582,40 m2
- hall d’accueil du public : 747,60 m2
- hall : 186 m2
- étages : 2537,50 m2
Source : Archives départementales des Hauts-de-Seine. Calque couleur. Fonds 28J.
Une structure tournée vers la population
Si l’Hôtel-de-Ville a été conçu pour répondre à des impératifs pratiques, il a surtout été pensé pour créer du lien avec les Rosnéens. Pour preuve : la tour s’appuie sur une partie noble entièrement tournée vers la ville. Ce quadrilatère abrite les espaces dans lesquels la municipalité est au contact des habitants : salles du Conseil, des mariages et des fêtes. Lieu de travail, le nouvel Hôtel-de-Ville se veut aussi lieu de vie et cœur battant de la cité. Y ont lieu régulièrement : réunions, fêtes, cérémonies officielles, vœux de fin d’année, expositions, conférences, réceptions. On y jouera même des pièces de théâtre dans la salle des fêtes, dont la capacité d’accueil atteint 700 spectateurs !
Source : AD des Hauts-de-Seine. Fonds 28J.Fonds 28J.
Croquis de la salle des mariages par Jean de Mailly
Un bâtiment adaptable dans le temps
Construit à la fin des années 60, l’Hôtel-de-Ville a dû s’adapter. De par son positionnement, considérant la nature du terrain de construction et les matériaux dont il a été constitué, il demeure une structure fragile qui nécessite un entretien permanent. L’ossature pensée à l’origine (cloisons amovibles, plateaux aménageables) ainsi que les nombreux travaux de réaménagements menés au fil des ans, auront néanmoins permis d’adapter le site aux normes actuelles. La tour bleue a encore de beaux jours devant elle !