Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes et à l’occasion de l’opération Ça m’est Égal(e), le service des Archives municipales choisit d’aborder la question de l’égalité hommes-femmes dans le milieu sportif. Cet article reflète l’engagement de la ville sur ce point.
Le sport est un domaine complexe du point de vue de la lutte pour les droits des femmes : c’est à la fois un milieu où les stéréotypes sexistes sont longtemps restés ancrés et un formidable vecteur de tolérance et d’esprit de groupe. Les associations sportives, et notamment leurs sections féminines, ont contribué à l’affirmation des jeunes filles et femmes.
L’essor des sections sportives
Les communes sont des actrices incontournables de l’organisation et de la promotion du sport en France. Leur intervention est très ancienne comme le démontrent les archives. Dès le début du XIXe siècle, la ville connait l’émergence de différentes associations et sociétés sportives :
- La compagnie d’Arc est créée en 1823. Elle est fondée par plusieurs Rosnéens et un Montreuillois. Cette association permettait de s’exercer au tir à l’arc.
- L’association sportive de la jeanne d’Arc est créée en 1914. Elle est rattachée à l’Office Municipal des Sports et se compose de plusieurs sections : football, basket-Ball, judo, gymnastique…
- En 1959, c’est l’association la Boule Joyeuse qui met en avant la pétanque lyonnaise.
- En 1972 est créé l’OMJ (Office Municipal de la Jeunesse) qui permet la pratique de nombreuses disciplines : danse, patinage, randonnée pédestre, équitation, spéléo, astronomie, école de cirque, modélisme, etc.
- Peu après la création de l’OMJ, le SOR (Stade Olympique Rosnéen) met à son tour en place plusieurs sections sportives et pratique l’initiation et la préparation aux compétitions sportives.
L’émergence de sports tels que le tir à l’arc ou la gymnastique, a pour objectif à l’origine de préparer les hommes au combat. En effet, dès le XIXe siècle le culte du corps athlétique devient l’objectif de la nation, dont le but est d’avoir des hommes résistants face à l’ennemi.
Les sections sportives incluent donc rarement les femmes. Ce n’est qu’à partir des années 1930 qu’elles commencent à y faire leur place.
Une féminisation progressive des adhérents
La Jeanne d’Arc s’illustre très vite en créant dès 1938, le « Rayon Sportif Féminin » en gymnastique. Les sportives ne disputent pas de compétitions mais peuvent déjà s’entrainer sur un terrain. Il faut attendre l’après-guerre, en 1947 pour avoir les premières compétitions féminines dans cette discipline. En 1957, elles sont déjà 50 pratiquantes. En 1963, elles brillent, lors du championnat de France. Nicole Regnault, née Proust, y remporte le titre de championne de France face à plus de 400 gymnastes.
En 1950, la section basket créé une équipe féminine.
Côté volley-ball, c’est en 1971 que la première équipe féminine s’engage en championnat. Créée dans les années 50, cette discipline fut pendant longtemps exclusivement masculine. L’actuelle présidente de la section Volley-Ball et Secrétaire générale de la J. A Rosny, Madame Catherine Tuffier fut l’une des premières adhérentes à jouer dans cette équipe féminine en 1975. Elle dédiera sa carrière à valoriser la section qui s’illustrera de nombreuses fois sous sa présidence.
La Jeanne d’Arc diversifie très vite ses activités avec un renouvellement actif de ses membres. Cependant, ce n’est pas la seule association à valoriser les rosnéennes.
L’association du cercle de tir à l’arc rosnéen s’illustre tout particulièrement en 1953 en mettant en place une campagne de recrutement à travers des affiches ciblant en priorité les « jeunes lycéennes », « dames et jeunes filles » pour faire face à des pays précurseurs dans cette discipline tels que « la Belgique, la Hollande, la Suède, la Norvège et le Danemark ».
Cet appel trouve écho auprès des pratiquantes, qui offriront à l’association de multiples récompenses. Ainsi, en 1953, la championne et vice-championne étaient toutes les deux rosnéennes :
- Madame Cruypennick – championne de France
- Madame Suzanne Lang Vice – Championne de France
- Madame Suzanne Lang – Championne d’Europe
- Mademoiselle Bernotvice – Championne d’Europe
- Madame Suzanne Lang – Championne du Monde au Tir à 50 mètres
L’appropriation de l’espace sportif par les Rosnéennes.
L’entretien de mesdames Tuffier et Regnauld traduit les difficultés que pouvaient rencontrer les femmes pour s’intégrer au milieu sportif. Aujourd’hui, la division des activités selon le genre est interdite. Les disciplines sportives sont ouvertes à toutes et à tous. L’interview nous permet de comprendre que cette règle n’a pas toujours été acquise et que les titres et postes occupés par l’une et l’autre, reflètent un parcours de pionnières au sein de leurs sections respectives.
Si la ville et ses associations ont très vite pallié le manque d’offre pour les femmes en augmentant le nombre de créneaux et d’équipes, cela n’a pas toujours été une évidence.
Comme l’explique parfaitement Nicole Regnauld, « il était très difficile de se déplacer pour concourir voire même changer de club ». L’absence de transport, combinée à des horaires tardifs, pouvait décourager de nombreuses sportives et freiner leur développement. La ténacité de Nicole lui a permis d’obtenir son titre de championne de France malgré ces difficultés.
Les deux sportives se sont ensuite investies encore plus, après avoir été de vraies rôles modèles pour les jeunes sportives de leur époque, elles continuent leur action en s’engageant comme entraineuses. Si Nicole s’est vue contrainte d’arrêter pour des raisons familiales, elle a permis à de nombreuses jeunes femmes d’avoir une figure féminine d’excellence.
Conclusion
Les sections féminines se sont créées à Rosny assez tôt. Cependant, leur développement et les nombreuses réussites obtenues dans le temps, démontrent le rôle primordial des femmes au sein des associations sportives, tant sur les aspects techniques qu’administratifs, toutes disciplines confondues. Catherine TUFFIER représente cet objectif. En tant que présidente, elle fait figure de modèle pour les jeunes sportives. Cet engagement se traduit par de nombreux prix et titres. En 2004, Catherine est récompensée dans la catégorie « dirigeants et sportifs méritants » par l’Office Municipal des Sports de la Ville de Rosny.
Actuellement cadre éminent de la Jeanne D’Arc, elle continue de mettre en valeur le monde sportif féminin. En 2019, elle obtient la médaille d’argent de la fédération française de volley-ball pour son implication dans le club de la J. A Rosny.
Les parcours de Mesdames Regnauld et Tuffier dépeignent et mettent en valeur les sportives rosnéennes. Leurs ténacités, leurs performances et leurs engagements ont permis d’inclure les femmes dans un milieu à la base très masculin et de les rendre légitimes.
La ville de Rosny-sous-Bois a su accompagner cette marche en avant en créant et entretenant les équipements sportifs locaux, en développant l’offre de transports et en subventionnant les associations sportives qui font le dynamisme actuel de son territoire.
Consécration de son engagement, elle a récemment obtenu le label « Terre de Jeux ». Les nouvelles générations poursuivent sur cette lancée, comme la boxeuse Fatia Benmessahel, nommée en 2019 championne d’Europe puis double championne de France junior de sa catégorie (- 60 kg). Lors de l’édition précédente de « Ça m’est Égal(e) », vous avez d’ailleurs peut-être découvert son parcours à travers « Shadow Boxing », un documentaire de Talia Lumbroso ! Nous retrouverons Fatia Benmessahel aux JO de 2024 où elle représentera la France.
Vidéo : Sport, le poids des pionnières
Découvrez en vidéo le témoignage de deux anciennes grandes sportives rosnéennes : mesdames Catherine Tuffier, présidente de la section volley-ball de la Jeanne d’Arc de Rosny et Nicole Regnauld, championne de France de gymnastique en 1963.